La Cellule Mobilité a choisi de consacrer la 29e réunion de son Réseau des Mobility Managers à un aspect parfois sous-estimé, mais absolument essentiel de la mobilité : la sécurité sur le chemin du travail, ainsi que les assurances et l’assistance qui l’encadrent.
Une quinzaine de Mobility Managers se sont donc donnés rendez-vous le 4 juin 2025 dans les locaux de l’AVIQ à Charleroi pour découvrir et échanger sur cette thématique. Leur rôle est en effet d’accompagner les travailleurs vers des modes de déplacement plus durables, sans perdre en sécurité. Veiller à la sûreté de ces derniers par de la prévention et de l’information fait donc partie intégrante de leurs missions.
Comment les travailleurs sont-ils protégés sur le chemin du travail ?
Nous avons posé la question à Nevert Degirmenci, la porte-parole d’Assuralia, l’union professionnelle des entreprises d’assurances et de réassurances opérant sur le territoire belge.
En Belgique, trois assurances sont obligatoires sur le plan légal. L’assurance Accident du travail (AT) est l’une d’elles. Dès qu’une entreprise privée, quelle que soit sa forme, est constituée et emploie du personnel rémunéré, cette assurance est exigée pour couvrir tout accident de travail. Celui-ci se définit comme un événement soudain (et non une maladie chronique qui pourrait être imputée au travail) entraînant une lésion physique ou mentale avec incapacité de travail et/ou frais médicaux ; ou plus grave, provoquant le décès du travailleur.
Pour les entreprises du secteur public, c’est l’État qui joue ce rôle d’assureur et intervient dans le remboursement des frais.
Pour les entreprises transfrontalières, il est nécessaire de vérifier que l’AT couvre bien les travailleurs résidant en dehors des frontières belges.
A quoi donne droit l’assurance accident du travail ?
- À des indemnités lors de l’incapacité de travail visant à compenser la perte de salaire
- Au remboursement des frais médicaux ; y compris pharmaceutiques et de prothèses
- À une rente versée aux ayants-droits en cas d’accident mortel
En matière de mobilité, l’assurance accident du travail intervient pour les accidents :
- sur le chemin du travail, c’est-à-dire sur le chemin normal que le travailleur emprunte pour rejoindre son lieu de travail depuis son domicile et inversement. Des détours sont autorisés (pour déposer les enfants à l’école, faire une course, etc.) à condition qu’ils soient raisonnables
- lors de déplacements sur la pause de midi
- en télétravail durant les heures de travail
- en télétravail à l’étranger à condition que l’employeur soit prévenu
Que faire en cas d’accident du travail ?
- Être le plus précis possible dans la description de l’accident
- Prendre les coordonnées des éventuels témoins
- Avoir un certificat médical de la part d’un médecin
- Avertir rapidement son employeur pour qu’il puisse déclarer l’accident à son assurance dans le délai de 8 jours qui lui est imparti
- Conserver tous les documents liés aux examens médicaux


Quelques informations utiles complémentaires fournies par Assuralia suite aux questions des participants
Vélos de service
Légalement, il n’y a pas d’obligation pour les travailleurs qui empruntent un vélo de service de porter un casque ou une chasuble. Par contre, l’entreprise peut l’inclure, de son propre chef, dans les règles d’utilisation de ses vélos. Et se retourner contre le travailleur qui y contreviendrait.
En cas d’accident avec un vélo de service, l’assurance Accident du travail couvrira le travailleur, mais pas les tiers. C’est la RC familiale du travailleur qui interviendra pour eux. Il est donc primordial pour tout un chacun de contracter une telle assurance !
Quelle assurance intervient...
- En cas d’accident lors d’un teambuilding à vélo ? – L’assurance accidents du travail de l’employeur
- En cas d’accident dans le cadre d’un pedibus ou vélobus (les travailleurs se donnent rendez-vous pour rejoindre ensemble à pied ou à vélo l’entreprise) ? – L’assurance accidents du travail de l’employeur
- Si une voiture est endommagée lors d’un test de vélos électriques ou de trottinettes sur le parking de l’entreprise ? – L’assurance de l’opérateur qui fait tester les vélos ou les trottinettes ou la RC du travailleur.
Prévention en entreprise
Les assureurs disposent en général de plateformes regorgeant de conseils en prévention que les mobility managers peuvent utiliser pour créer des campagnes de prévention en matière de sécurité sur le chemin du travail. C’est un axe de communication et de sensibilisation important dans les entreprises et qui devrait pouvoir se répéter, comme autant de piqûres de rappel !
D’autres ressources sont à renseigner pour construire ces campagnes : le quiz de la route et les informations web de l’AWSR, les conseils d’Avello (nouveau nom du Gracq), l’émission Contact de la RTBF sans oublier VIAS Institute.
Les assistances pour véhicule
C’est à Barbara Van Speybroeck, directrice de la communication chez Assuralia, que nous avons demandé d’aborder la question des assistances.
Une assurance assistance véhicule a pour but d’aider le conducteur à reprendre la route en cas de panne de son véhicule, d’accident ou de tout autre problème, le plus rapidement possible. Cette assistance fait systématiquement partie de la couverture étendue d’une voiture ou d’un vélo de leasing.
Que couvre généralement l’assistance ?
- Le dépannage sur place en cas de panne, de pneu crevé...
- Le remorquage du véhicule vers un garage si la réparation sur place est impossible
- Le rapatriement du véhicule et des passagers si le véhicule tombe en panne à l’étranger et ne peut pas être réparé dans les délais
- Un véhicule de remplacement
- Une assistance aux passagers (transport, hébergement, aide médicale) si le problème survient à l’étranger
- Une assistance en cas de vol du véhicule
Par contre, si le véhicule n’est pas assuré, conforme ou en ordre de contrôle technique, les frais d’assistance ne seront pas couverts. De même si la panne est connue avant la signature du contrat ou si elle est due à un manque d’entretien.
Information utile : c’est sur la carte verte du véhicule que sont mentionnés les pays européens où l’assistance peut être demandée.
Quels sont les enjeux d’une entreprise pour plus de sécurité sur la route ?
Troisième thématique de la matinée : la prévention et le sécurité sur le chemin du travail.
En Wallonie, l’AWSR (Agence wallonne pour la sécurité routière) joue un rôle majeur depuis sa création en 2014 pour conscientiser en matière de sécurité (ou d’insécurité) routière. Son objectif est de faire de la route un lieu plus sûr pour tous les usagers avec en ligne de mire la vision zéro décès sur la route en 2050. Elle dispose pour ce faire de 6 départements, dont un service formation où travaille Marie-Claire Gorostegui, l’invitée de la Cellule pour cette réunion du réseau.
Quelques chiffres pour planter le décor :
- 1 accident mortel sur 4 est dû à l’alcool sur les routes wallonnes
- 1 accident mortel sur 3 est dû à une vitesse excessive ou inadaptée
- En Europe, la somnolence jouerait un rôle dans 20 à 25% des accidents corporels et ¼ des accidents mortels sur la route. Or, certains métiers exposent davantage à ce risque que d’autres
- Il y a beaucoup plus de cyclistes aujourd’hui sur les routes de Wallonie : entre 2018 et 2023, le nombre de kilomètres parcourus à vélo a augmenté de 73%
- 80% des hospitalisations de cyclistes sont dues à une chute, sans l’intervention d’un tiers
Sur cette base, Marie-Claire Gorostegui a conçu sa présentation sous la forme d’un atelier participatif demandant à chaque Mobility Manager présent un challenge de mobilité qu’il souhaitait réaliser au sein de son entreprise. Seconde demande : une réussite en la matière.
L’atelier a ensuite consisté à analyser en groupe ces challenges et ces réussites pour identifier une liste de besoins en matière de sécurité que les Mobility Managers devraient s’approprier et proposer dans leurs activités : sensibilisation à la sécurité routière, informations et chiffres à rappeler, formations, empathie (activités pour se mettre dans la peau des autres usagers de la route), points d’attention sur la fatigue et l’alcool au volant, etc.


L’AVIQ s’engage pour une mobilité plus durable
L’AVIQ, l’Agence pour une Vie de Qualité, est en charge des compétences liées à la santé, au bien-être, au handicap et à la famille en Wallonie. Depuis quelques années, la mobilité durable s’est imposée comme un axe de travail interne, mené en cohérence avec les valeurs de l’organisation et au bénéfice de l’ensemble de ses agents. C'est ce qu'a expliqué Audrey Esmanne, la Mobility Manager de l'AVIQ.
Ce projet structurant, articulé en six grandes étapes, a été soutenu par la Cellule Mobilité, notamment au travers un diagnostic initial des pratiques de déplacement, la formation au mobility management pour les porteuses du projet et de nombreux échanges autour des enjeux de mobilité.
Parmi les actions déjà mises en œuvre figurent la définition du profil d’accessibilité et de mobilité de l’organisme, la participation à la Semaine de la Mobilité 2024 (et ce sera encore le cas en 2025), une vaste enquête interne, la création de parkings vélo, la réhabilitation de douches, etc.
Deux initiatives méritent une attention particulière, tant leurs retombées ont été positives :
- A Charleroi, grâce au partenariat avec Mobilesem et son programme Bcome a cyclist financé dans le cadre d’un appel à projets du SPF Mobilité et Transports, des agents ont pu tester des vélos électriques pendant plusieurs semaines pour évaluer la possibilité d’en faire une habitude de déplacements.
- A Liège, en prévision d’un déménagement en centre-ville qui allait bouleverser les habitudes de déplacement, un important dispositif d’accompagnement au changement a été mis en place pour découvrir toutes les alternatives à la voiture, les itinéraires et la manière de s’y préparer. Des prêts de vélos seront également proposés aux agents intéressés.
La démarche de mobilité va se poursuivre à l’AVIQ avec l’exploration d’autres initiatives : véhicules partagés, leasing de vélos, covoiturage, etc.